Une photographie, c’est un regard…
Un ensemble de photographies, c’est un récit.
L’histoire que nous conte Claudine Maurin Mouillot à travers cette Ode à l’enfance est ponctuée d’éclats de rires, de joie espiègle et d’insouciance… Pour autant, Claudine ne met pas en scène une image idéalisée de l’enfance. Photo après photo, elle nous invite plutôt à entrer dans une danse à la fois alerte et douce qui raconte le plaisir d’être petit et parfois même celui de devenir grand.
Tombera, tombera pas ? Tourne, tourne mon grand ballon…
Glisse, passe et dépasse-moi !
Le spectateur est surpris, il va de découvertes en découvertes et se laisse entraîner par le travail de l’artiste. Il y a dans ces photographies, à la fois de l’intention et du hasard. Claudine manie en effet avec dextérité jeux de lumière et d’ombre, approches du cadre, lignes de fuites et regards à l’horizon. Un véritable art de la composition en ressort. Ainsi, si l’expression, toujours nouvelle, des différents visages de l’enfance surgit inévitablement dans l’instantanéité d’un cliché, une grande maîtrise technique dans l’agencement des éléments photographiés est à l’œuvre. L’enfance dont nous parle Claudine est une enfance pleine de couleurs, de mouvements et d’expressions. La dynamique d’ensemble produit une esthétique à la fois sobre et vivante.
Au-delà des sujets photographiés – les enfants de Ventabren et « Jade » -, c’est à sa propre enfance ou à son propre « enfant intérieur » que le spectateur est ramené l’espace d’un instant, le temps de s’arrêter devant l’une ou l’autre des images offertes à son regard et de se laisser traverser par un sourire ou par un souvenir… Et oui, cela fonctionne : chacun s’y reconnaît !
Un autre procédé concourt à cet effet : en s’inspirant du traditionnel « album de famille » que tout spectateur peut avoir composé, Claudine en renverse les codes : elle répartit ses photos par thèmes plutôt que par époque de la vie. Le décalage invite à se laisser embarquer dans une aventure qui s’écrit tout en tendresse et dont l’issue in fine est bel et bien « aujourd’hui » !
Finalement, avec cette nouvelle série de photographies, Claudine s’affirme en chantre du quotidien lorsqu’il se trouve saisi à travers des « presque riens » – presque riens dont la mise en évidence nous en dit tant cependant sur la beauté de l’être humain…
Stéphanie Byache